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Discours de Ruchira Gupta, de l’association Apne AAp en Inde www.apneaap.org,

lors du quatrième forum des droits humains, Nantes-France, 1er Juillet 2010

Work: defending and strengthening the right to work, despite the economic crisis

Sex is not Work-Our bodies are not for sale

Namaste. I bring greetings from the ten thousand and seventy two girls and women who are members of my organization, Apne Aap in India. Many of them are victims and survivors of prostitution. I bring a message from them to the conference as we debate the strengthening of the right to work at a time of economic crisis.

The women of Apne Aap appeal to all human rights activists not to accept their exploitation as work. They appeal to us to reject the normalization of their sexual exploitation by those who say it is a choice. They say their prostitution and sex-trafficking is not a choice but absence of choice. They did not choose to be born poor, low caste or female. Apne Aap members have decided to use the term ‘women in prostitution’ for adults and the term ‘prostituted child’ instead of ‘child prostitutes or child sex-worker’ for girls and boys.

Apne Aap members feel that:

  1. The term sex-worker sterilizes the inherently exploitative nature of prostitution and invalidates the women’s traumatic experiences of subjugation, degradation and pain.
  2. The term sex-worker naturalizes and makes acceptable in society the exploitation of women or children.
  3. The term sex-worker makes it convenient for different states and governments to ignore the structural social, economic and political policies that force women into prostitution.
  4. Very often governments, policy makers and buyers of prostituted sex argue that women chose prostitution as a work option over working in sweatshops, domestic servitude or other forms of hard or cheap labour. They forget, or chose to make invisible, that for women, other options have been limited in terms of highly paid employment (especially when higher education is lacking or husbands/fathers decide or have control over a woman’s time), and prostitution and pornography remain among the more highly paid occupations available to women. They refuse to look at or re-examine the fact that economic and social policies make other lucrative employment unavailable to women and that gender discrimination and occupational segregation funnel women into particular occupations.
  5. The term sex-worker categorizes prostitution as a kind of work. They say that Prostitution cannot be categorized as work (even exploitative work in sweat shops or domestic servitude) as it disconnects the self from the activity. It always involves penetration of the body or body invasion. To cope with the experience, many Apne Aap members detach themselves emotionally from their bodies- effectively segmenting themselves, or entering into out of body experiences. So besides risking disease or death they suffer from the deep psychological trauma of alienation from their own bodies.
  6. While labour movements can and do guarantee certain minimum conditions and standards for workers, providing for energy and time needed for the worker to be a fulfilled human being, prostitution inherently cannot do so. I will mention four points here:
  7. All labour movements strive for minimum wages. In prostitution there is no guarantee of minimum wages, as the price of a woman comes down with age and time of night, and sometimes location. Moreover, in brothel-based sex there is no such thing as minimum wages. For the first five years, the brothel owner owns the woman or child and keeps her like a bonded slave. For the next five years, she may give half of what she earns, later she is allowed to keep all that she earns but her earning capacity comes down.
  8. All labour movements aspire to certain minimum working conditions. In prostitution, all women face violence that cannot be legislated away as they are ultimately alone with the buyer of prostituted sex. In an upscale legal brothel in Australia, for example, rooms are equipped with panic buttons, but a bouncer reports that the women’s calls for help can never be answered quickly enough to prevent violence by johns, which occurs regularly.  In both brothel-based and non-brothel based prostitution, women are forced to speed up the process of earning more money by servicing an increasing number of buyers, sometimes up to 20. They are also forced to provide all kinds of services and high risk activities like sex without a condom as most often they are not in any negotiating position. They are kept locked up in brothels, have no access to medical care or education and often are sold when they are children. Their children play on the floor while they service their buyers. They live in small rooms with barred windows end up with insomnia, repeated abortions, jaundice TB, cigarette burns, HIV and AIDS and trauma. And while some of these conditions can be regulated in brothel-based sex, they cannot be regulated in street-based sex at all. Mortality rates in prostitution are high due to sexual violence, sexually transmitted diseases such as HIV and AIDS and repeated abortions and suicide attempts related to psycho-social trauma. The average age of death of a woman in prostitution in India is now 35 years.

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Le 21 juin 2010, le Conseil des droits de l’homme élisait le bureau pour la cinquième année d’existence du CDH, bureau qui siègera jusqu’au 18 juin 2011.

C’est la République Islamique d’Iran qui représentait le Groupe Asie pour la désignation par acclamation de  l’ambassadeur Thaïlandais Sihasak Phuangketkeow, à la présidence de CDH.

Les autres vices présidents sont représentés par

L’Angola pour le groupe Afrique

La Slovaquie pour le groupe Europe de l’Est

Cuba pour le groupe Amérique Latine et Caraïbe,

La Norvège pour le groupe Europe de l’Ouest et autre.

Pour rappel les 47 membres du CDH se répartissent comme suit

Pour le groupe Afrique : l’Angola, le Burkina Fasso, la Cameroun, Djibouti, le Gabon, le Ghana, la Libye, la Mauritanie, Maurice,

Pour le groupe Amérique Latine et Caraïbes : l’Argentine, le Brésil, le Chili, Cuba, l’Equateur, le Guatemala, le Méxique, l’Uruguay,

Pour le groupe Asie : l’Arabie Saoudite, le Bahrain, le Bangladesh, la Chine, le Japon, la Jordanie, le Kyrgystan, la Malaisie, les Maldives, le Pakistan, le Qatar, la république de Corée, la Thaïlande,

Pour le groupe Europe de l’Ouest et autres : la Belgique, les Etats Unis, l’Espagne, la France, la Norvège, le Royaume Uni, la Suisse,

Pour le groupe Europe de l’Est : la Fédération de Russie, la Hongrie, la Pologne, la République de Moldavie, la Slovaquie, l’Ukraine

Par Annie Sugier et Linda Weil-Curiel, présidente et secrétaire générale de la Ligue du Droit International des Femmes (LDIF), paru dans « Libération » du 28 juin 2010

Il est des moments où la moutarde vous monte au nez et où l’on a envie de s’adresser à tous ces commentateurs qui aujourd’hui se déchaînent dans les médias pour jeter aux orties des footballeurs qu’ils ont encensés hier. A ces bavards de comptoirs, à ces rêveurs d’un jour qui proclament leur volonté de  faire table rase de l’existant pour imaginer un « autre football » dégagé de la violence, de la vulgarité, de l’argent, nous demandons de commencer par regarder du côté des filles. Cette équipe « black- blanc- beurre », respectueuse des règlements, débordante de talent et d’envie de vaincre existe ! Simplement ils ont préféré l’ignorer.

Auteure jusqu’à présent d’un parcours sans faute, en éliminatoires de la Coupe du Monde 2011,  l’équipe féminine de France continue sa campagne victorieuse  en cette fin de saison. Dimanche 19 juin, pendant qu’en Afrique du Sud se déroulait le psychodrame que l’on sait, elle écrasait la Croatie 3 a 0 ! Mercredi 23 juin, au lendemain de la calamiteuse défaite des Bleus, l’équipe féminine s’imposait   face à l’Estonie 6-0 ! Sa qualification est assurée avec  42 buts marqués, 0 encaissés, 8 matchs victorieux d’affilée. L’équipe de France Féminine est ainsi la première de son groupe.

Au sortir du match contre la Croatie Bruno Bini, sélectionneur de l’équipe de France féminine, confiait sa fierté à ceux qui voulaient bien lui tendre un micro : « Je suis très satisfait du jeu produit par les filles surtout qu’on a changé de système à un moment donné. On a fait un match propre techniquement avec quelques enchaînements de grande classe ( … ). Le public a été super, 6700 spectateurs,  c’est bien alors qu’il y avait des matchs de Coupe du Monde à la télé, que c’était un dimanche après-midi et qu’on était à la fin de la saison. Et puis quand les gens viennent et, à priori, repartent heureux, c’est toujours bien. On a même un ministre qui est venu nous « serrer la pogne » donc c’est bien car on n’a pas l’habitude».

Marie-Laure Delie, attaquante équipe de France, auteure du troisième but de ce même match déclarait radieuse : « Je suis très contente, on a pratiqué du beau jeu. J’espère que ça a plu à tout le monde, on met trois but, on n’en prend pas, c’est important ».

D’un côté il y a une équipe d’enfants gâtés pleins aux as qui fait honte à la France mais autour de laquelle bourdonne la presse comme un essaim d’abeilles, de l’autre un bande de filles talentueuses et motivées, qui relèvent tous les défis du foot féminin : peu d’argent, pas de reconnaissance médiatique, juste le plaisir du sport. Où est l’erreur ? L’honneur du football français est dans la tête et dans les pieds de ces jeunes sportives. Il serait temps de s’en apercevoir.

Alors que les bleus ont décidé de ne pas toucher le montant de leurs primes et que RMC proposait de les verser au foot amateur, ne serait-il pas plus judicieux d’en faire bénéficier les bleues ?

Magali Reinert, Info Sud

Devant les façades défraîchies des maisons victoriennes de Yeoville, les drapeaux des six équipes africaines en compétition virevoltent dans l’air frais. Dans le quartier de la diaspora africaine de Johannesburg, la Coupe du monde se vit dans l’euphorie. L’effervescence qui anime les nombreux cybercafés jusque tard dans la nuit, témoigne du plaisir de partager l’événement avec familles et amis restés au pays.

Plus des deux tiers des habitants de Yeoville sont d’origine étrangère. L’importance de la communauté congolaise a valu au quartier le surnom de Kinshasa. Mais c’est aussi le lieu d’adoption de nombreux Nigérians, Zimbabwéens, Camerounais, Mozambicains, Somaliens, etc. « No go zone » (zone dangereuse, en anglais) dans les guides destinés aux habitants de Johannesburg, Yeoville accueille depuis une dizaine d’années les immigrés africains qui débarquent dans la cité de l’or.

Ici, pas de panneaux « interdit aux vendeurs ambulants » comme dans le reste du centreville. Les trottoirs sont couverts d’étals où s’entassent bananes plantains, cigarettes à l’unité et DVD de Nollywood, les séries produites en masse au Nigeria. Des coiffeuses nattent les cheveux de leurs clientes d’Afrique centrale et le marché propose du manioc et des gombos, légumes peu communs sous ces latitudes.

Xénophobie ambiante

L’Afrique du Sud est une destination privilégiée de l’immigration intra-africaine. Cette riche démocratie est pleine de promesses pour les réfugiés politiques et les émigrés économiques du continent. Et même si la politique migratoire du pays est loin d’être accueillante, il reste bien plus facile de rejoindre la pointe de l’Afrique que l’Europe ou l’Amérique du Nord.

Si le jaune et le vert des Bafana Bafana domine sur les teeshirts des habitants de Yeoville, le support affiché à l’équipe du pays d’accueil masque difficilement la tension entre les étrangers et les Sud-Africains. Comme ailleurs, le sort des immigrés africains est réglé par la quête d’un permis de séjour, la difficulté à faire reconnaître ses diplômes et la xénophobie ambiante. Les gardiens de parking évoquent leurs passés d’instituteurs ou de docteurs et les sans-papiers se plaignent du harcèlement des forces de l’ordre.

Depuis quelques mois, les rumeurs d’une flambée de violence contre les étrangers après la Coupe du monde inquiètent les communautés immigrées, à Yeoville comme dans le reste du pays.

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Par Marion Guénard, Rue  89

Le 6 juin, Khaled Saïd, un jeune homme de 28 ans, est interpellé dans un cybercafé d’Alexandrie par deux policiers en civil. Ils lui demandent ses papiers d’identité. Il résiste. Selon des témoins et l’association Al Nadeem, une organisation égyptienne de défense des droits de l’homme, le jeune homme est alors traîné de force dehors et battu à mort. En représailles de la mise en ligne d’une vidéo accablant la police.

Pour son frère, Ahmed, ces brutalités meurtrières ne sont pas le fruit du hasard. Khaled Saïd n’était pas un opposant au régime, ni un militant des droits de l’homme, mais il venait de poster sur Internet une vidéo implacable. Le document montrait des policiers se partageant argent et drogue, après l’arrestation de dealers.

Selon un avocat du centre Al Nadeem, la famille de Khaled Saïd a été informée de sa mort mais n’a pas été autorisée à voir le corps. Lorsque ses proches portent plainte le lendemain, le 7 juin, ils découvrent qu’un rapport a déjà été rédigé.

Les autorités avancent une autre version de l’histoire. Un communiqué du centre d’information de la sécurité égyptienne (accessible en arabe uniquement) présente le jeune homme comme un délinquant et nie toute responsabilité des policiers dans l’affaire : Khaled Saïd aurait avalé un sachet de drogue. Il serait mort d’étouffement. Par accident.

Selon Muhammad Abdel Aziz, avocat du centre Al Nadeem interrogé par Al-Masry al-Youm, « deux policiers ont demandé de l’argent [à Khaled Saïd], et quand il a répondu qu’il n’en avait pas, ils l’ont battu ».

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Une réunion d’urgence, puis une journée entière pour stigmatiser Israël.

Pas le moindre débat sur la tragédie humanitaire en Asie centrale.

Par  Charles  Malou

Illustration flagrante du « deux poids, deux mesures »,  neuf islamistes turcs pèsent plus lourd pour le Conseil des droits de l’homme (CDH)  qu’une centaine de musulmans pacifiques en prière massacrés par des fondamentalistes au Pakistan et que les innombrables victimes des récentes violences inter-ethniques en Kirghizie.

Dès l’arraisonnement le 31 mai de l’armada pro-Hamas au large de Gaza, la réaction a été immédiate au CDH, orchestrée comme d’habitude par l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et la Ligue arabe. La 14eme session venait à peine de s’ouvrir que le représentant du Pakistan, porte-parole attitré de l’OCI , se précipitait à la tribune, saisissant le prétexte pour faire diversion et reléguer dans l’ombre le carnage de Lahore lors de l’attaque, trois jours plus tôt par des kamikazes, de deux mosquées ahmadites, une communauté non-violente qualifiée d’hérétique par l’islam orthodoxe.

Quant à la tragédie humanitaire en Kirghizie, alors que le bilan des affrontements  entre Kirghizes et Ouzbeks s’alourdissaient quotidiennement,  il aura fallu attendre l’ultime jour de la session, le 18 juin, pour que le Conseil adopte sans débat une résolution consensuelle présentée par la Kirghizie elle-même avec le concours des Etats-Unis demandant au gouvernement kirghize une enquête « transparente » et non « internationale » comme pour Israël début juin. L’un des 47 membres du CDH, la Kirghizie était d’autant mieux placée pour défendre ses intérêts qu’elle peut compter sur le soutien du groupe islamique et d’autres.

Tout empêtré dans son indigation sélective, le CDN a délibérément ignoré le nettoyage ethnique des Ouzbeks en cours en Kirghizie. Une fois de plus, le conflit israélo-arabe aura été l’arbre qui cache la forêt des multibles violations à travers le monde, moyen commode pour le bloc musulman et ses alliés liberticides de détourner l’attention de leurs propres manquements aux droits de l’homme.

Le  jour même de l’ouverture de la session, le Pakistan pour l’OCI et le Soudan pour la Ligue arabe avaient obtenu la convocation sans délai d’une réunion d’urgence sur l’abordage des bateaux des sympathisans du Hamas,  la 7èmesession spéciale vouée à diaboliser Israël sur les dix consacrées à un pays spécifique depuis la création du Conseil en 2006. Toute honte bue au lendemain du carnage qui venait d’ensanglanter Lahore, c’est la République islamique du Pakistan qui concoctera la résolution condamnant Israël et demandant la création d’une commission internationale d’enquête sur l’intervention contre la « flottille ». Sur 41 résolutions concernant des pays, ce fut la 34ème fois que l’éternel bouc émissaire se retrouvait dans le collimateur.

Après ces nouvelles gesticulations stériles qui n’amusent même plus la galerie, une 2eme journée était entièrement consacrée à mettre Israël au pilori dans le cadre du point 7 de l’ordre du jour. Selon cette disposition, à chaque session le Conseil tient un débat général sur « la situation des DH en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés », si bien qu’Israël est l’unique pays à être ainsi mis régulièrement en accusation.  Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait critiqué «  la décision du Conseil de cibler une question régionale particulière, compte tenu de l’ampleur des violations des droits de l’homme dans le monde ».

Rien n’y a fait, le point 7 revient à chaque session  comme une lithanie. Ainsi, tour à tour a-t-on vu la Libye, la Syrie, l’Iran, le Soudan, la Corée du Nord, le Venezuela, l’OCI et la Ligue arabe  se livrer à leur surenchère rituelle, au moment même où la Kirghizie sombrait dans l’horreur. Ce jour-là, le 14 juin, on comptait officiellement déjà près de 200 tués, 1.500 blessés, 100.000 régugiés, tandis que la Croix-Rouge avertissait que la crise humanitaire « empirait d’heure en heure ». De son côté, Dilmurad Ishanov, un défenseur ousbek des droits de l’homme à Och lançait un cri d’alarme : « Ils sont en train de tuer les Ouzbeks comme des animaux. Presque toute la ville est en flamme. » Rare voix discordante  dans  l’indifférence ambiante, c’est ce qu’avait évoqué dans sa brève intervention le représentant de l ‘ONG UN Watch Hillel Neuer : Si tous les êtres humains sont égaux, pourquoi ce silence sur les victimes de Kirghizie ? » avait-il osé.

Obnubilé par le seul Proche-Orient, le Conseil est resté sourd au drame des Ouzbeks de Kirghizie. Pas un mot  pour ces victimes de règlements de comptes inter-musulmans et encore moins de session spéciale dans l’urgence pour tenter d’arrêter le massacre. Quand le Conseil a finalement adopté quatre jours plus tard une résolution de pure forme, le déferlement de violence avait poursuivi son œuvre et le nombre de morts avait été multiplié par dix, les estimations officielles faisant état de 2.000 Ouzbeks tués dans de « véritables pogroms d’une violence inouïe » selon l’envoyée spéciale du « Monde ». Dans un pays d’un peu plus de cinq millions d’habitants, un million de personnes ont été affectées par la crise, des centaines de milliers ont été  déplacées et 400.000 Ouzbeks ont été poussées à fuir le bain de sang vers l‘Ouzbékistan voisin.

Devant tant de « barbarie », les gens ne comprennent pas que la communauté internationale ait laissé faire sans réagir, rapportent  des journalistes témoins des atrocités. Comme au Sri Lanka l’an dernier, l’ONU et son CDH ont failli, les pays musulmans sont restés muets, la Turquie d’Erdogan , désormais en première ligne dans l’activisme anti-israélien, ne s’est guère préoccupée de ce conflit sanglant entre deux peuples turcophones qui pratiquent la même religion, l’islam sunnite, de même qu’elle ne se soucie pas vraiment des Ouïghours persécutés par la Chine. Il est plus facile de faire un point de fixation obsessionnel sur Israël. L’OCI ne se sent pas concernée quand ce sont des musulmans qui tuent d’autres musulmans, pas plus que les bonnes âmes qui vociféraient lors de l’arraisonnement  des bateaux des  partisans du Hamas ne se font entendre quand il s’agit d’Ouzbeks, de Kurdes, de Saharaouis, de Baloutches, de Berbères, de peuples du Darfour ou d’autres victimes de régimes islamiques.

Les trois semaines de la 14ème session du Conseil des droits de l’homme, n’a pas donné lieu à des changements fondamentaux dans le ton :

  • agenda identique avec focalisation sur le conflit Israël/Palestine,
  • Envolées oratoires de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI)  représentée par le Pakistan, la République islamique d’Iran, l’Egypte concernant le racisme que constitue la diffamation des religions,
  • Impossibilité d’évoquer des violations des droits humains telles que les violences commises contre les Ahmadites à Lahore.
  • Bref, que de la routine depuis les quatre ans d’existence du Conseil. (Voir sur l’ancien blog de Malka Marcovich d’autres articles consacrés au CDH).

    On peut aussi noter deux actions qui relèvent encore une fois de la capitulation des démocraties face aux poussées relativistes contre les droits universels :

  • l’adoption par consensus d’une résolution sur la promotion de la jouissance effective des droits culturels pour tous et le respect de la diversité culturelle présentée par Cuba  au nom du Bangladesh, de la Biélorussie, de la Bolivie, du Congo, de la Côte d’Ivoire, de l’ Équateur, d’El Salvador, du Mexique, du Nicaragua, du Nigéria, du Pakistan, des Philippines, de la République arabe syrienne, de la République démocratique populaire lao, dela  République populaire démocratique de Corée, du Soudan, du Venezuela et du Viet Nam.
  • L’élection par acclamation au Comité Consultatif du Conseil des droits de l’homme, ou « comité des sages »,  prêtre Sandiniste du Nicaragua, Miguel d’Escoto Brockman, qui avait présidé la 63ème session de l’Assemblée Générale et dont on se rappelle les prêches et envolées enflammées.( Voir sur l’ancien blog de Malka Marcovich les articles consacrés à cette haute personnalité de l’ONU. )
  • Par Emmanuel Lemieux dans l’Annuel des idées

    Le supplément littéraire du quotidien luxembourgeois Tageblatt a refusé la critique favorable du livre de Pierre-André Taguieff, La nouvelle Propagande antijuive (PUF), mettant également un terme à une collaboration de 15 ans avec l’auteur de l’article, l’écrivain Robert Redeker menacé de mort par des islamistes.

    « J’avais ma page dans le supplément littéraire du Tageblatt depuis 15 ans, je n’ai manqué aucun numéro. C’était l’analyse d’un livre, généralement de philosophie. Pour le numéro de juin, j’avais choisi d’écrire sur le dernier livre de Taguieff. J’ai écrit un texte favorable à ce livre. C’est ce texte qui m’a valu d’être censuré. La directrice de ce supplément m’a écrit : « notre collaboration s’arrête là ». Sec ! Viré ! confie Robert Redeker. D’après la rédaction en chef, les lecteurs ne comprendraient pas qu’on fût favorable à Israël ! « 

    Extrait significatif de l’article de 5 000 signes traitant du nouveau livre du philosophe Pierre-André Taguieff, La Nouvelle Propagande antijuive (PUF) : « La diabolisation sans nuances d’Israël est le pain quotidien des médias. Qu’Israël soit le Mal semble aller de soi. Pourtant, ces opinions qui se muent aussi en passions, sont des constructions idéologiques répandues par un habile travail de propagande que Taguieff démonte exhaustivement. Elles recyclent du vieux – les stéréotypes antijuifs traditionnels – dans du neuf. »

    Tageblatt suit la doxa journalistique selon P.-A. Taguieff

    Contactée par L’Annuel des idées, la responsable du supplément Livres n’a pas, pour l’instant, souhaité répondre à nos questions. C’est en revanche la directrice du Tageblatt qui nous a répondu :« Notre rédaction n’était pas au courant de ce qui semble être « une affaire »chez vous. Vous comprendrez que nous ne souhaitons en rien être pris à partie. Ce d’autant que notre groupe de presse n’a jamais eu, au cours de sa longue histoire, de reproches à se faire. » Le quotidien luxembourgeois, sans confirmer l’information, tient essentiellement à se démarquer des choix éditoriaux de son supplément.

    De son côté, Pierre-André Taguieff fulmine : « La mise en accusation quasi-planétaire d’Israël est moins le résultat de la propagande palestino-islamiste qu’un effet du fonctionnement du système médiatique. Les professionnels des médias réagissent dans l’urgence, sans prendre la peine de faire un véritable travail d’investigation, en se contentant de s’inspirer des dépêches d’agence, recopiées sans esprit critique. À cela, il faut ajouter une sélection des informations selon un critère idéologico-politique dominant : les médias choisissent de privilégier les récits allant dans le sens des présupposés de la culture politique de gauche, qui est largement majoritaire dans le monde professionnel des journalistes. Or, l’anti-israélisme et le propalestinisme, depuis les années 1990, se sont inscrits dans la doxa journalistique, reflétant le parti pris « antisioniste » partagé, avec plus ou moins de virulence, par toutes les gauches. »

    Toujours sous protection policière

    Professeur de philosophie, Robert Redeker, 56 ans, a du cesser d’enseigner après sa tribune intitulée « Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?  » et publiée dans Le Figaro. Le quotidien avait été interdit de vente en Egypte et en Tunisie. Sous la pression, le journal avait présenté ses excuses via la chaîne Al-Jazeera, tandis que l’association Reporters sans frontières soutenait Robert Redeker menacé de mort par des islamistes et placé sous la protection de la gendarmerie.

    Depuis 2006, « je vis toujours dans une semi-clandestinité. Je continue d’être sous protection policière. Tous mes déplacements officiels sont encadrés par le SPHP-SPPM. » indique Robert Redeker à L’Annuel des idées. L’article du philosophe sera publié dans le numéro de L’Arche, une revue toute acquise à ses analyses et donc, sans surprise. Le non-débat continue.

    Par Bernard SCHALSCHA Collectif Urgence Darfour

    En une spectaculaire volte-face, l’Ouganda, qui venait de faire savoir qu’El-Béchir ne serait pas accepté sur son territoire lors du prochain sommet de l’Union africaine à Kampala, a finalement déclaré que le chef de l’Etat soudanais serait bien son invité lors de cette rencontre. Une fois de plus l’organisation panafricaine,  que certains observateurs considèrent surtout comme un « syndicat d’intimidateurs », a obtenu d’un ses membres qu’il renonce à faire appliquer les décisions de la Cour pénale internationale. Elle préfère jouer la carte de l’impunité au détriment de la justice, prenant partie pour le bourreau et piétinant ainsi les victimes… africaines.

    C’était trop beau. Le 4 juin le président ougandais Museveni annonçait qu’El-Béchir ne serait pas invité au XV° sommet de l’Union africaine (UA) qui doit se tenir en juillet à Kampala (Ouganda). Nous nous sommes dit, tout comme la plupart des organisations de défense des droits de l’homme, que c’était là un pas décisif vers la fin de l’impunité en Afrique. Il fallait voir dans cette décision, pensions-nous, une conséquence immédiate du fait que la première conférence de révision de la Cour pénale internationale (CPI), destinée à renforcer et élargir l’action de la justice internationale, se tenait depuis le 31 mai à Kampala justement, et que le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo s’était entretenu avec le président Museveni. En outre, l’Ouganda, en tant que signataire du Statut de Rome qui a fondé la CPI, avait déjà fait savoir par le passé qu’El-Béchir, inculpé par la CPI de crimes de guerre et contre l’humanité commis au Darfour, ne pouvait mettre les pieds sur son territoire sauf pour y être arrêté. Interviewé mardi 8 juin sur France Info, Jacky Mamou, président du Collectif Urgence Darfour, se félicitait donc du choix politique exprimé par le chef de l’Etat ougandais de privilégier la justice incarnée par la CPI plutôt que de céder à l’UA qui se retranche derrière une demande de moratoire afin de ne pas appliquer le mandat d’arrêt international contre le chef des massacreurs au Darfour.

    A l’annonce de la déclaration de Museveni, le Soudan avait aussitôt tempêté, exigeant de l’Ouganda qu’il revienne sur sa position et lui présente des excuses publiques. Sans quoi Khartoum exigerait auprès de l’UA que le sommet n’ait pas lieu à Kampala mais dans un autre pays africain, c’est-à-dire dans un pays où El-Béchir serait accueilli sans risque. A peine avions-nous commencé à écrire pour exhorter Kampala à ne pas céder au chantage soudanais qu’un communiqué émanant du ministère des Affaires étrangères ougandais faisait savoir qu’Omar El-Béchir avait très normalement été invité à ce sommet depuis le mois de mars puisque, n’est-ce pas, il y a toute sa place puisque le Soudan fait partie de l’UA. A la trappe la prise de position du président ougandais !

    Quelques optimistes invétérés penseront peut-être qu’il s’agit d’une ruse pour faire venir El-Béchir à Kampala et, hop !, l’arrêter dès qu’il sera en territoire ougandais. Détrompons-les : l’homme fort de Khartoum n’est pas du genre à se laisser piéger. Il dispose surtout de puissants moyens de pression et de nombreux alliés, notamment au sein de la Ligue arabe et de l’Organisation de la conférence islamique, l’Ouganda étant membre de cette dernière. Il est peu probable qu’on apprenne précisément comment le régime soudanais a réussi à obtenir le retournement stratégique de son voisin ougandais. Mais, par exemple, il ne faut pas oublier que l’Ouganda est aux prises depuis de longues années avec l’Armée révolutionnaire du seigneur (Lord Revolutionnary Army, LRA). Ce mouvement à l’idéologie délirante et qui a assassiné des dizaines de milliers de civils dans des conditions atroces, possède des bases importantes au nord de la République démocratique du Congo et en République centrafricaine, d’où elle ne se prive pas d’attaquer respectivement le Sud-Soudan et le Darfour. Les bons connaisseurs de la région sont convaincus que le régime soudanais fournit de l’armement aux fous furieux sanguinaires de la LRA et les emploie quand ils peuvent lui être utiles. Il semble même que la LRA concentre désormais une partie de ses troupes au Soudan même, d’où elle lance à l’occasion des offensives en Ouganda. Officiellement, bien sûr, Khartoum combat la LRA… Mais aucun chef d’Etat de la région n’est dupe. Et le président Museveni l’est certainement encore moins.

    Reste qu’il n’est pas certain qu’El-Béchir en personne aille représenter le Soudan au prochain sommet de l’UA. Le mandat d’arrêt international contre sa personne l’a rendu extrêmement prudent. Peut-être, à la dernière minute, préférera-t-il se faire représenter en juillet à Kampala par un de ses sbires. Quand bien même l’Ouganda a finalement capitulé, le président soudanais n’ignore pas que son isolement diplomatique va croissant. En témoignent, ces derniers temps, la maigre représentation diplomatique internationale à sa cérémonie d’investiture, ainsi que le refus par la France de sa participation au dernier sommet France-Afrique, laquelle interdiction n’a pas provoqué le moindre désistement par solidarité de la part de ses collègues africains. En dépit du couteau que l’Ouganda a planté dans le dos du procureur de la CPI, le mandat d’arrêt émis par la CPI fait lentement son effet. Bien trop lentement, certes, et c’est pourquoi nous nous devons d’agir pour faire accélérer son application.

    Par Jean-Claude Buhrer

    En désignant à la vindicte publique ces musulmans pacifiques et modernistes, Islamabad porte sa part de responsabilité dans les récentes attaques sanglantes de deux mosquées à Lahore (100 morts). Le Conseil des droits de l’homme va-t-il enfin se pencher sur les minorités religieuses au Pakistan, cibles principales des violences meurtrières qui ravagent le pays ?

    Vendredi 28 mai, une centaine de fidèles étaient tués et plusieurs dizaines d’autres blessés dans l’attaque simultanée par des kamikazes à Lahore de deux mosquées de la communauté ahmadite, une branche pacifique et réformiste de l’islam. Juste après ce massacre s’est ouverte à Genève la session du Conseil des droits de l’homme, le jour même où l’on dénombrait 9 morts lors de l’opération militaire israélienne contre des bateaux d’activistes pro-palestiniens en route vers Gaza.

    Alors que le Conseil a pour mission de défendre l’universalité des droits de l’homme, les considérations politiques et d’intérêts ont vite pris le dessus dès lors qu’il s’agit du Proche-Orient. Selon le bon vieux principe « deux poids deux mesures », d’emblée la plupart des intervenants sont montés au créneau pour se focaliser sur l’attaque israélienne, sans le moindre mot pour les victimes ahmadites beaucoup plus nombreuses des attentats de Lahore. A commencer par le représentant du Pakistan, porte-parole attitré de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), trop content de l’aubaine pour ne pas avoir à rendre de comptes sur les responsabilités de son gouvernement dans les tueries de Lahore. C’est encore Islamabad qui a réclamé au nom de l’OCI, avec le Soudan pour la Ligue arabe, la convocation d’une réunion d’urgence et présenté une résolution stigmatisant Israël.

    Pendant qu’à Genève le Conseil délibère, au Pakistan les ahmadite pansent leurs plaies. Comme si le dernier carnage ne suffisait pas, des assaillants sont revenus à la charge le 1er juin en attaquant un hôpital où étaient soignés des rescapés des précédents attentats contre les mosquées, tuant douze personnes. Profitant de l’incurie des autorités, des hommes lourdement armés avaient déjà pu pénétrer sans difficulté dans les deux lieux de culte ciblés en pleine prière du vendredi. Equipés de vestes bourrées d’explosifs, les kamikazes ont lancé des grenades et tiré sur la foule à l’arme automatique avant de prendre des centaines de fidèles en otage jusqu’à l’intervention tardive de la police quand certains se sont fait sauter et d’autres se sont enfuis. Adoptant un profil bas, les officiels et même les médias ont choisi de se tenir à l’écart des funérailles des victimes à Rabwa, centre de cette communauté d’une trentaine de millions million d’adeptes dans le monde et de quelques millions au Pakistan où ils étaient nombreux dans l’élite intellectuelle jusqu’à leur diabolisation depuis une quarantaine d’années.

    Aujourd’hui, une personnalité ahmadite éminente comme Zafrulla Khan n’aurait aucune chance d’accéder aux plus hautes fonctions. Pourtant, ce musulman fervent, qui ne pourrait plus s’affirmer comme tel, a fait honneur à son pays : premier ministre des affaires étrangères du Pakistan en 1947, puis juge à la Cour internationale de justice de La Haye, il fut appelé en 1962 à présider l’Assemblée générale de l’ONU. Lors de ses obsèques en 1983 à Rabwa, les islamistes provoquèrent de sanglantes émeutes. C’est également à Rabwa que repose le Dr Abdus Sallam, premier musulman honoré en 1979 du Prix Nobel de physique et qui avait dû s’expatrier pour fuir la persécution religieuse. A sa mort en 1996, les oulémas sunnites décrétèrent que personne ne pouvait prier Allah pour ce « mécréant » ni inscrire un verset du Coran sur son tombeau.

    Au déferlement de haine entretenu par les fondamentalistes et qui vient d’atteindre son paroxysme contre leur communauté avec la complaisance du gouvernement, les ahmadites répondent : « la haine de nos meurtriers ne l’emportera pas sur notre amour de l’humanité ». En cela le mouvement ahmadite (Ahmadiyya Muslim Jamaat), du nom de son fondateur Mirza Ghulam Ahmad, se veut fidèle à l’enseigement de ce prédicateur musulman, né en 1889 au Punjab, et qui prêcha pour un renouveau de l’islam. Conformément à leur credo, les ahmadites prônent l’ouverture et la bonne entente dans la société, rejetant l’interprétation agressive du djihad et toute forme de terrorisme. Alors qu’ils cohabitaient jusque là avec leurs coreligionnaires, ils ont été mis au ban de la société depuis qu’en 1973 l’OCI les a déclarés « non-musulmans », leur interdisant même de faire le pèlerinage de La Mecque.

    Au Pakistan, berceau de leur foi, ils sont qualifiés d’hérétiques et de « minorité non-musulmane » en vertu d’un amendement constitutionnel de 1974. Depuis, leurs lieux de culte sont étroitement surveillés, ils n’ont pas le droit de les appeler mosquée, ni même d’inscrire sur les murs des versets du Coran et encore moins de se déclarer musulman ou d’entrer dans une mosquée reconnue. Avec la prohibition en 1984 des « activités anti-islamiques » et une loi prévoyant la peine de mort pour blasphème, leur situation a encore empiré, sans parler de celle des minorités chrétienne et hindouiste, voire chiite.

    Avant l’adoption le 2 juin par le Conseil de la résolution préparée par le Pakistan précisément demandant une mission d’enquête internationale, la Haut-Commissaire Navi Pillay avait déclaré : « Quand il y a des morts, il doit y avoir une enquête sérieuse et il faut établir les responsabilités. » Ce qui est vrai pour le Proche-Orient doit l’être aussi pour les victimes de Lahore.